21 juin 2009

Chronique 6

Nous aurions dû sentir venir le vent de la panique et du changement, nous aurions dû faire preuve de plus de clairvoyance à la vue du mouvement des astres.

Hastur est rentré au bout du septième jour, la mine sombre et la démarche lourde. J'ignorais ce qui s’était dit lors du conseil de Lokpo mais il nous revenait d’une humeur massacrante. Tous mes frères d’armes se sont agglutinés autour de lui pour entendre les nouvelles.
« Alors chef, c’était quoi ce conseil ? A demandé Dimo, un chevalier qui en avait bavé pendant cette semaine de macramé. J’espère qu’il n’est pas question de traité de paix ou une connerie de ce genre ! Une semaine au repos c’est bien suffisant ! » A-t-il grogné.
Le vieux l’a foudroyé du regard.

« T’insinue que ma femme sait pas diriger un camp ? »
« Heu non, elle assure vot femme mais ... »
« Laisse tomber, la paix c’est pas pour demain. Je peux rien vous dire pour l’instant les gars faut que je cause avec les gradés d’abord. Tous les protecteurs de la guilde dans ma tente à midi. Eriaka tu viens aussi, ce qui va ce dire doit être consigné dans les anales et je veux y voir aussi ton mari. La route a été pénible, je vais me reposer un peu. Que personne ne me dérange. »

A midi nous étions sous la tente du chef : les protecteurs Vrael et Hodge, manquait Plomb toujours d’astreinte sur Ambilol. Y’avait aussi Led-Shrrg, en train de se curer les dents avec un couteau assez aiguisé pour vous trancher la gorge, Eternia et mon mari.

« Pourquoi il est là lui ? » a demandé hargneusement le moustique en regardant le nécrop.
« C’est aussi un protecteur de la guilde. » A répondu froidement le chef
« A ouè et depuis quand ?! » Le moustique ne pouvait pas voir en peinture Led, il savait que son comparse de beuverie et d’arnaque n’était plus là à cause de lui.
« Depuis que je l’ai décidé ! Bordel j’ai pas le temps pour ces conneries alors assieds-toi et commençons ! »
Vrael a ruminé en silence sans rien ajouter.

« Bon, je vais pas tourner autour du pot, on est dans la merde. D’après le mage Olk, tous les signes laissent à entendre que Borgom est de retour. »
« Quoi ! S’est écrié Hodge. C’est impossible ! »

« Heu, chef, je ne voudrais pas manquer de respect à Olk, ai-je ajouté, mais il n’aurait pas un peu trop fumé d’herbe à Troll ? Borgom est mort au cas où vous l’auriez oublié. Noshiro l’a tué ça fait des siècles maintenant ... »
« Bordel je sais tout ça ! Vous pensez bien qu’on a dit la même chose au mage ! Mais d’après lui quelqu’un aurait trouvé le moyen de le ramener à la vie ! »
« C’est affreux, affreux... » Répétait Eternia, le visage terrifié.
« Ça ne sert à rien de céder à la panique mon cœur. Olk dit qu’on a du temps pour nous préparer. D’après lui le dragon est encore jeune et faible. Si on arrive à le dénicher dans les années qui viennent on devrait pouvoir le vaincre. »
« Et on a une idée d’où il se trouve ? » A demandé Ecce-Deus.

« Aucune et c’est pour ça que je t’ai fait venir. Tu connais du monde dans beaucoup de guildes, je te charge d’entrer en contact avec eux pour dénicher la moindre information susceptible de nous aiguiller. Ecoutez-moi bien, il n’est pas question qu’on se laisse intimider par une légende ! Ok ce monstre est sans doute le mal le plus ignoble que la vie ait engendré mais on n’est pas des saints non plus ! Donc à partir de demain je veux tout le monde à l’entraînement ou au combat, cinq escouades de huit hommes armés sur les routes en permanence. Ordonnez aux artisans de confectionner des armures plus solides, quelles que soient les ressources qu’ils demandent on leur fournira, pareil pour les armes, je veux des arcs qui puissent tirer une flèche depuis Tynda pour aller se planter dans les remparts de Moriok, je veux des haches assez tranchantes pour fendre en deux un If-Fou du premier coup ! Je veux l’impossible quoi ! Faut qu’on soit prêts le moment venu ! Ya rien à ajouter, que chaque protecteur aille annoncer la mauvaise nouvelle à sa garnison et qu’on ne me dérange plus de la journée ... Je désire profiter de ces derniers instants de calme avec ma femme. »

Dans un silence lourd de tension, nous sommes tous sortis.

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