21 juin 2009

Chronique 1

Nous aurions dû sentir venir le vent de la panique et du changement, nous aurions dû faire preuve de plus de clairvoyance à la vue du mouvement des astres. Malheureusement le poids des siècles passés, identiques et sans surprises, s’était chargé d’endormir notre jugement. Pourtant les signes furent nombreux ... Des orques avaient quitté leur repaire pour s’avancer dans les plaines, frôlant la limite des villages ; d’autres monstres, d’ordinaire prévisibles, avaient appris à modifier leurs attaques surprenant les voyageurs sur des routes réputées sans risques. Autant de signes auxquels nous n’avions prêté foi ! A boire trop de bière dans les tavernes du Feukibrul, de la Sibière ou du Routarsou nos cerveaux s’étaient ramollis comme de la guimauve jetée dans le souffle du dragon.

Je m’appelle Eriaka, je suis un protecteur de la confrérie Rayanis et son scribe, chargée de retranscrire dans les annales les combats de mes frères d’arme. Lourde tâche croyez-moi. La guilde existe depuis des siècles, certains disent qu’elle fut fondée par un sage du nom d’Autocrat sur l’île des Jargs, pure légende ou vérité il est impossible à présent de savoir. Les annales de cette époque furent brûlées lors de la grande guerre qui opposa les forces du roi Zirtuk aux légions de Centaures.
Peu importe, notre chef aujourd’hui se nomme Hastur, un Honurion aussi dur et froid que l’acier dans lequel est forgée sa hache. C’est du moins ce qu’il laisse transparaître aux nouvelles recrues pour s’assurer de leur force morale. Nous les anciens ça nous fait marrer. En vérité le vieux est un mec bien, il sait gérer la guilde de façon équitable. C’est aussi un sacré homme d’affaires, comme tout les Honu me direz-vous ... possible. Même si il lui arrive de nous accompagner lors de nos virées, il reste la plupart du temps enfermé à travailler pour parfaire ses métiers. Durant ces périodes, pas moyen de le croiser dans les rues de Tynda ou d’Unkut. Plus d’une fois je l’ai retrouvé affalé, comme un poivrot, entre les caisses de l’atelier du forgeron, à pioncer comme un loir, le visage noir de suie. Dans ces moments là, je me dis que sa femme doit pas être des plus heureuses ... quoi que. Sa femme est le bras droit de la guilde, Eternia, une éleveuse dingue d’animaux ! Ça énerve certains de la voir se trimbaler partout avec ses bestioles, comme si l’on était un cirque. N’empêche que ses bestioles nous ont plus d’une fois sauvée la mise .... Perso, j’y vois rien à redire, du moment qu’elles ne viennent pas renifler sous ma tente.
Le chef raconte à qui veut bien l’entendre qu’elle le ruine avec toutes ses toilettes mais je le soupçonne de céder volontiers à ses désirs ... Il est aux petits soins pour elle et on est beaucoup à penser qu’elle le mérite.

Parmi les vétérans de la guilde ya Vrael notre toubib, expert dans son domaine et son acolyte Plomb, un chaman champion de la boustifaille et de la sieste durant les batailles ! Ces deux là sont inséparables. Peuvent pas s’empêcher de se chercher des noises ce qui crée de l’ambiance dans les rangs. Quand c’est pas Plomb qui change Vrael en arbre au cours d’un combat, c’est le toubib qui le laisse se vider de son sang tout en se marrant. Ça rend furax le chef, qui leur sort son laïus sur la fraternité au sein de la confrérie, leur responsabilité en tant qu’anciens etc ... Faut dire que les deux gaillards se connaissent depuis longtemps bien avant d’intégrer Rayani. Beaucoup pensent qu’ils se détestent mais les gens se plantent souvent. Je recommande à personne d’attaquer l’un quand l’autre est dans les parages ... il aurait une mauvaise surprise ! Le moustique et le buffle, c’est leurs surnoms.

1 commentaire:

réu-nion a dit…

Je reprends tout depuis le début ... ça commence bien, je me marre déjà !!