21 juin 2009

Chronique 4

Le lendemain, la rumeur d’un nécrop parmi nous s’est engouffrée dans les rangs comme un vent pestilentiel, apportant son lot de cris et de contestations. Beaucoup dans la compagnie ont parié sur leur pouvoir de dissuasion pour faire revenir le vieux sur sa décision ... C’était sans compter sur la ténacité du chef ! Certains menaçaient de quitter la guilde. « Bonne route ! » leur balançait Hastur avec détachement. D’autres, plus malins, mettaient en avant d’un ton faussement alarmé qu’un accident était vite arrivé, que le type risquait d’y passer.
« Faudra qu’tu m’expliques comment on bute un macchabée ! » rétorquait le vieux hilare.

Durant toute la journée qui a suivi mon escapade nocturne, j’ai vu défiler la plupart des hommes dans la tente d’Hastur, aussi furax à l’arrivée qu’au départ. En temps normal, lorsque ce genre de crise surgit au sein de la guilde, Eternia s’affaire à concilier tout le monde, à apaiser les rancœurs de chacun, elle a un don pour ça. Ce ne fut pas le cas. Elle demeura indifférente au tumulte qui animait les troupes, solitaire, accoudée à la barrière de l’enclos où cavalaient bêtement ses chamodindes comme des bigotes effarouchées par une horde de trolls en rut. Sans doute le souvenir de ses bêtes tombées la veille au combat la rendait insensible aux tourments des autres, sans doute ... Je peux comprendre ...

Lorsque le Toubib et Plomb ont fait leur apparition en fin de matinée, le corps imbibé d’alcool, la démarche houleuse, le chef s’est carré sur leur passage, flanqué de deux chevaliers à la mine patibulaire.

« Le buffle, a-t-il ordonné à Plomb, ramasse le tas d’ordures qui se sert d’affaires ! Tu pars pour Ambilol dans la demi-heure, j’ai une mission pour toi. »
« Peu pas dormir un peu avant ? J’ai la tronche qui m’joue la 5ème symphonie d’Inguain. »
« Ya pas écrit centre de vacances sur ma gueule !!! A hurlé le vieux. Bordel ! Si tu veux pas entendre les trompettes de Zarg te jouer la charge héroïque, t’as intérêt à t’magner l’troufion !!! »
« C’est bon, criez pas, patron. Ca m’laboure les méninges...» A marmonné le buffle en s’éloignant.
« Vu l’état dans lequel il est j’crois qu’je vais devoir l’accompagner. L’enfant d’salaud a noyé le peu d’neurones qui remplissent sa cervelle dans la vinasse la nuit dernière. S’rait capable de faire escale sur l’ile du Repos pour s’faire bronzer ! »
« T’iras nulle part ! Ya une pelletée d’blessés qui t’attendent ! Le duo poivrot et poivrot c’est fini ! Terminé ! Va faire ton boulot avant que j’t’expédie dans la catégorie estropié ! »
Le toubib est resté comme deux ronds de flan ...

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